L’Autriche, site économique favorable à l’IA, entre chercheurs de haut niveau, événements internationaux tels que TEDAI et le siège de Graphwise

Cette évolution positive se reflète également dans le fait que de plus en plus d’entreprises s’intéressent à l’Autriche en tant que lieu d’implantation. En octobre, par exemple, il a été annoncé que l’une des plus grandes entreprises européennes de logiciels d’IA serait créée à Vienne par la fusion de l’Austrian Semantic Web Company et de l’entreprise américano-bulgare Ontotext. À l’avenir, les deux sociétés opéreront ensemble sous le nom de Graphwise. Parmi ses clients figurent l’agence spatiale américaine NASA, la Banque mondiale, l’ONU et la société pharmaceutique Boehringer Ingelheim.   

La recherche fondamentale à la base des applications les plus récentes  

La recherche sur l’IA a une longue tradition en Autriche, notamment dans les domaines des systèmes logiques, des réseaux neuronaux, de la robotique et des systèmes de compréhension de la parole. Les travaux de Sepp Hochreiter, pionnier de l’IA mondialement reconnu, qui mène des recherches à l’université Johannes Kepler de Linz (JKU), méritent une mention spéciale. En 2019, la JKU a lancé l’une des premières formations diplômantes en intelligence artificielle d’Europe, avec plus de 400 étudiants. Le programme de master en anglais récemment lancé garantit que l’Autriche continuera à produire de nombreux talents en IA à l’avenir.  

Sepp Hochreiter est également l’un des cofondateurs de la startup NXAI, qui est appelée à devenir un centre de recherche sur l’IA et de développement de produits au cœur de l’Europe. Selon Albert Ortig, associé directeur et l’un des fondateurs de NXAI, il s’agit là d’une des principales opportunités, mais aussi d’un défi : « En Europe, d’excellentes recherches sont menées à Tübingen, Helsinki, Amsterdam, Zurich ou Linz. Cependant, nous ne parvenons pas toujours à traduire cette excellence en produits et à l’utiliser pour ouvrir de nouveaux marchés à l’Europe ». 

Le professeur Axel Polleres, directeur de l’Institut de gestion des données, des processus et des connaissances de l’université d’économie et de commerce de Vienne, voit également un énorme potentiel dans la combinaison de la recherche fondamentale et des applications industrielles : « L’Autriche dispose de conditions idéales pour créer des synergies entre la recherche et l’industrie grâce à son paysage de PME solide. De nombreuses entreprises ne sont pas en mesure de mettre en place de grands départements de recherche et tirent donc profit d’une collaboration ». 

Le professeur Axel Polleres, directeur de l’Institut de gestion des données, des processus et des connaissances de l’université d’économie et de commerce de Vienne, voit également un énorme potentiel dans la combinaison de la recherche fondamentale et des cas d’utilisation industrielle : « L’Autriche dispose de conditions idéales pour les synergies entre la recherche et l’industrie grâce à son paysage de PME solide. De nombreuses entreprises ne sont pas en mesure de mettre en place de grands départements de recherche et tirent donc profit de la collaboration avec les institutions universitaires », souligne-t-il. Polleres effectue lui-même des recherches sur l’IA symbolique, en particulier sur les graphes de connaissances, qui rassemblent des données non structurées et structurées provenant de différentes sources et les rendent plus accessibles.  

NXAI se concentre sur ces cas d’utilisation industrielle, comme l’explique Ortig : « Nous nous concentrons sur un créneau que de nombreux grands acteurs de l’IA ne veulent pas ou ne peuvent pas servir : l’industrie. En effet, les processus industriels modernes sont complexes et parfois difficiles ; nous parlons de structures établies et c’est exactement là que cela devient intéressant pour nous. L’industrie recherche des développements à la périphérie, dans la machine, dans le robot, sur la bande transporteuse, sur le drone, dans le train ou dans la voiture, et veut réduire le temps et les coûts d’ingénierie en même temps. Nos développements sont utiles dans les deux cas. »‘ 

Une infrastructure solide, base de la réussite future 

L’Autriche développe également son infrastructure d’IA, par exemple avec le nouveau cluster de calcul de l’Institut des sciences et technologies d’Autriche (ISTA), qui se concentre sur l’entraînement de modèles d’apprentissage profond et d’IA générative. Cela permet de traiter efficacement et de développer de grandes quantités de données. Les équipes de recherche de l’ISTA issues d’un large éventail de disciplines en bénéficieront, du développement de produits pharmaceutiques à la recherche sur les matériaux et la génétique, en passant par la recherche sur les grands modèles de langage eux-mêmes. Par exemple, une équipe de recherche de l’ISTA travaille sur la compression de grands modèles de langage de manière à ce qu’ils puissent fonctionner avec de bonnes performances sur un ordinateur portable et donc être exploités plus efficacement et avec moins de consommation d’énergie à l’avenir.  

L’ISTA et l’Université de Vienne font partie du pôle d’excellence « Bilateral AI » récemment présenté par l’Agence autrichienne de promotion de la recherche (FFG) sous la direction de Sepp Hochreiter, qui combine les deux plus importants courants de recherche dans le domaine de l’intelligence artificielle à ce jour, à savoir l’IA sub-symbolique (apprentissage automatique) et l’IA symbolique (représentation des connaissances et raisonnement).  

« Des projets d’une telle envergure peuvent contribuer à atteindre une masse critique qui attirera d’autres chercheurs de haut niveau en Autriche et constituer la base d’un pôle autrichien de l’IA afin de créer un écosystème autour des résultats de cette recherche de pointe, ’en collaboration avec l’économie. Il appartient également au prochain gouvernement de saisir l’occasion de fixer un cap stratégique durable », déclare Axel Polleres, soulignant l’importance de telles initiatives.